« On avait pas beaucoup de moyens, mais on était heureux ! »

Notre famille était très modeste. Mon père était artisan tourneur sur bois, et avant de construire un petit atelier près de la maison, il travaillait à Chancia où il partageait un atelier avec d’autres tourneurs (une quinzaine). Chacun louait sa place…

La tournerie était une activité très importante dans la région. Plusieurs villages ne vivaient que de cela: Chancia, Vouglans, Montcusel, Cernon. C’était essentiellement des objets en buis qui étaient produits.

A Condes, la tournerie occupait les gens surtout l’hiver car c’était un important village où les activités agricoles étaient plus importantes qu’ailleurs.
Pour les grosses pièces, les artisans utilisaient du buis qui venait des Pyrénées et pour les pièces plus petites, c’était du buis local.

Les tourneurs façonnaient eux-mêmes leur buis ou l’achetaient à des personnes qui coupaient pour eux.

La tournerie marchait bien avant guerre et cele permettait aux gens de vivre correctement.
Mon père travaillait pour son propre compte. Il tournait les pièces qui étaient ensuite terminées (vernies) par le client.
Ses clients étaient des professionnels de Dortan et d’Oyonnax. Au début, il fabriquait des cannes de parapluie en buis, puis il s’est orienté vers les pièces de jeux d’échecs qui se vendaient très bien à l’époque. Il travaillait beaucoup pour la maison Chavet à Dortan (NDLR voir le site de la société Morize Chavet).

C’étaient surtout les Anglais qui achetaient les jeux d’échecs et les revendaient en Amérique.

Il y a eu des périodes de crise où les tourneurs n’avaient plus de travail.

Mon père trouvait alors des petits boulots pour nourrir la famille. Le plus souvent, il était cantonnier et cassait les cailloux pour remblayer les bas-côtés des routes…

Déjeuner sur l'herbe
Déjeuner sur l’herbe: mon père (avec la casquette) et ma mère …